Qu’est-ce qu’un Malakit ?

Un Malakit est une pochette imperméable en toile cirée imprimée, fabriquée en Guyane, et conçue en prenant en compte le mode de vie des participants : elle résiste à l’eau et n’est pas plus grande qu’un portefeuille pour être transportée facilement (20 X 12cm ).

Cette pochette contient deux étuis plastifiés imprimés d’instructions illustrées en portugais afin de guider les participants à réaliser leur autotest et, en fonction du résultat, à prendre un traitement contre les crises de paludisme.


Etui plastifié « TESTE RAPIDO »

L’étui plastifié vert « TESTE RAPIDO » contient tous les éléments nécessaires pour réaliser un test de diagnostic rapide (TDR) de paludisme.

Il contient 3 tests identiques à usage unique pour répondre à certaines situations spécifiques :

  • Dans le cas de plusieurs épisodes de symptômes de paludisme avant un retour sur un site de distribution
  • Dans le cas d’un résultat de test invalide
  • Dans le cas de persistance de symptômes malgré un test négatif

Les tests utilisés au Suriname et au Brésil étant différents, les kits sont adaptés en fonction de leur pays d’utilisation :

  • Au Suriname, il est composé de tests TDR Bioline® Malaria Ag P.f/Pan fabriqué par Abbott
  • Au Brésil, il est composé de tests TDR Bioline™ Malaria Ag P.f/P.f/P.v fabriqué par Abbott également
    Les médiateurs forment les orpailleurs à reconnaître un accès palustre sans définir l’espèce de parasite en cause.

Ces TDR ont été choisis selon les critères suivants:

  • Emballage individuel
  • Stabilité à des températures dépassant 35°C
  • Pré-qualification OMS et label Communauté Européenne (CE)

Sur l’étui, le mode d’utilisation est illustré pas à pas afin de permettre aux orpailleurs de se remémorer les étapes à suivre lors de l’autotest : préparation du matériel, étapes d’autotest et lecture et interprétation du résultat. Par ailleurs, une vidéo est également mise à leur disposition.


Etui plastifié « TRATAMENTO »

Après avoir réalisé l’autotest, si le résultat est positif, le participant a à sa disposition un deuxième étui plastifié rose « TRATAMENTO ». Celui-ci contient un traitement combiné d’artémisine (ACT) et une monodose de primaquine et du paracétamol au besoin (pouvant être utilisé même si le TDR est négatif).

Artémether – Luméfantrine

Le traitement à base d’artémisinine (artéméther 20mg / luméfantrine 120mg) est recommandé par les autorités sanitaires des trois pays du projet et correspond aux recommandations de l’OMS. Il est efficace en cas de crise de paludisme liée à P. falciparum ou à P. vivaxparasites majoritaires au Brésil, Suriname et en Guyane française.

Cependant, bien qu’il contribue à réduire les morbidité et mortalité globales associées au paludisme par l’élimination rapide des parasites circulants, ce traitement n’est pas suffisant pour éliminer les formes hypnozoïtes hépatiques liées aux infections à P. vivax. En effet, un traitement curatif supplémentaire est nécessaire. Ceci est l’objet du second traitement proposé aux orpailleurs lors de leur inclusion (Curema).

Primaquine

En plus du traitement par ACT, une mono-dose de primaquine de 15 mg est ajoutée pour réduire la transmission de la maladie via l’activité gamétocydique.

Paracétamol

Quel que soit le résultat du test TDR, le participant a à sa disposition du paracétamol afin de soulager douleurs et fièvre au besoin.

 

Comment les outils de formation ont-ils été créés?

Premier prototype

Pour recevoir un Malakit, le participant doit obligatoirement suivre une formation. Cependant, même s’il démontre sa capacité à effectuer un test, il faut s’assurer qu’il se souviendra des étapes à suivre s’il doit le refaire plus tard seul en forêt.

Pour répondre à cela, les kits ont été conçus avec des illustrations qui expliquent la marche à suivre. Malgré tout, il était difficile pour les créateurs de saisir le niveau de compréhension de cette population, qui a une capacité de lecture limitée. Ils ont donc décidé de mettre en place une conception participative du protocole de soin avec le public cible : les personnes travaillant sur les sites d’orpaillage.

Un premier ensemble d’instructions, décrivant chaque étape nécessaire pour effectuer un test diagnostic rapide, a été établi à partir des instructions du fabriquant destinées à des professionnels de santé. Ces instructions ont été proposées aux orpailleurs et l’équipe, qui comptait également une dessinatrice (Laure Garancher, association TheInkLink), a observé comment ils effectuaient le test.

Quand une étape n’était pas suffisamment claire, l’instruction était redessinée en direct pour l’ajuster aux propositions de l’orpailleur. Certaines étapes qui peuvent paraitre évidentes pour des professionnels de la santé ont nécessité des développements plus importants pour ce public.


Instructions initiales

Ce protocole a été reproduit de manière itérative, en présentant à chaque fois les instructions améliorées, jusqu’à ce que 5 personnes soient capables d’effectuer le test sans la moindre erreur à partir des illustrations seules.

Cette approche participative et dessinée a permis de développer un manuel d’instruction parfaitement adapté à la population des orpailleurs. L’expérience a montré que, sans ce travail en collaboration, il aurait été pratiquement impossible de définir un protocole efficace.

Cette méthode est facile à mettre en place et rapide. De plus, la présence d’un dessinateur a été grandement appréciée en montrant l’intérêt des différents acteurs du projet à prendre en compte les attentes du groupe bénéficiaire.


Nous pensons que les bandes dessinées peuvent faciliter le dialogue entre les communautés et constituer un outil de communication et de sensibilisation efficace (TheInkLink).