La stratégie Malakit a montré une bonne acceptabilité par la population des orpailleurs, une augmentation significative de l’utilisation appropriée des TDR et des traitements (ACT, thérapie combinée à base d’artémisinine), et un impact probable sur la transmission du paludisme.
Au cours de cette phase pilote de deux ans, 4 766 kits ont été distribués à 3 733 participants à l’étude Malakit.
Les études avant/après ont concerné 1 098 patients.
Augmentation du traitement approprié du paludisme
Selon nos enquêtes transversales avant/après (appelées respectivement Orpal_1 et Orpal_2), l’utilisation appropriée d’un test et d’un traitement (en utilisant un malakit ou en se tournant vers le système de santé) a augmenté de 54,2% à 68,2% (OR=1,8, IC95% [1,1-3,0]).
Un malakit a été utilisé par 37% des 91 personnes ayant présenté des symptômes de paludisme depuis la mise en place de la stratégie. Sur les 27 personnes qui s’étaient auto-médiquées après le début du projet Malakit, six se sont ensuite rendues sur un site de distribution pour participer à l’étude.
L’adhésion au traitement était meilleure lorsque le patient recevait des soins dans un centre de santé (91% [89-94]) ou utilisait un malakit (81% [67-96]) qu’en cas d’automédication non réglementée (65% [60-70]) (OR=5,4 [3,7-7,8]).
Bonne utilisation du kit
Sur les 631 participants venus pour une visite de suivi au niveau des sites d’inclusion, 223 participants ont déclaré avoir utilisé un malakit : 71,7 % [65,8-77,7] l’avaient utilisé correctement, soit avec un traitement complet après un TDR positif, soit sans traitement après un TDR négatif.
Dans le sous-groupe de 166 participants ayant un TDR positif, 71,1% [64,2-798,0] avaient suivi le traitement complet.
Bonne acceptation du projet
Sur les 499 personnes incluses dans Orpal_2, 320 (64%) avaient entendu parler de Malakit. Parmi elles, 147 (46%) avaient été incluses dans le projet. Au total, 29,8% des 493 participants aux études d’Orpal_2 ont été inclus dans le projet Malakit.
Ces données ont été confirmées par une étude qualitative réalisée en 2019 par le Pr André-Anne Parent de l’Université de Montréal. Cette étude confirme que la population étudiée considère le paludisme comme un problème de santé majeur et que les conséquences économiques de la maladie sont une préoccupation importante, la condition physique étant considérée comme une ressource indispensable pour le travail sur les sites d’orpaillage et les revenus qui en découlent. La distribution gratuite de malakits est considérée comme la meilleure solution contre le paludisme, en opposition aux médicaments accessibles mais coûteux en forêt.
Les participants expriment une relation de confiance, voire d’amitié, avec les médiateurs, construite et consolidée au cours de la période d’étude, malgré une certaine méfiance initiale qui s’est rapidement dissipée. Selon les médiateurs, l’inquiétude initiale est devenue de moins en moins perceptible au fur et à mesure de l’avancement du projet.
Impact probable sur la prévalence du paludisme
Les études transversales Orpal ont évalué la prévalence du Plasmodium dans la population des orpailleurs travaillant en Guyane française, en utilisant une PCR spécifique d’espèce (technique de Shokoples et al).
Elle montre une nette diminution de la prévalence du paludisme dans cette population entre 2015 (22,3% [18,3-26,3]) et 2019 (5,3% [3,0-7,5]) sur la frontière franco-surinamaise et moins marquée sur la frontière franco-brésilienne passant de 3,9% [1,0-6,8] en 2015 à 2,5% [0-5,3] en 2019.
La modélisation en séries temporelles interrompues suggère que la mise en œuvre de Malakit a accéléré la diminution du paludisme dans la région.
Sécurité d’utilisation
Peu d’événements indésirables ont été signalés, sans inquiétude de la part du comité de surveillance de la sécurité des données (DSMB).
La circulation des kits hors protocole est apparue limitée.
Retrouvez toutes les publications liées au projetici.
Ce projet international innovant montre que des personnes peu instruites peuvent être formées à l’auto-prise en charge du paludisme et changer leur comportement.
Cette stratégie pourrait constituer un nouvel outil de lutte contre le paludisme dans d’autres régions confrontées à une situation similaire.